UNE IMAGE DU DÉBUT : LES APPRÉHENSIONS D'UN NOUVEAU PROJET.

 

UNE IMAGE DU DéBUT : LES APPRéHENSIONS D'UN NOUVEAU PROJET.

 

par Karl Doré

 

stagiaire

 

Depuis mon entrée à l'université, il y aura bientôt quatre ans, les enseignants en pédagogie et en didactique, nous ont familiarisé aux bases du constructivisme : l'élève, pour apprendre et assimiler, doit construire son savoir sur ses acquis antérieurs, sur ses savoirs passés. En théorie, il s'agissait effectivement de belles paroles et de valeureux concepts. Mais en pratique, comment cela peut-il s'incarner ?

 

J'ai grandi dans l'univers du magistral depuis ma tendre enfance à aujourd'hui. L'école était (et est toujours) un lieu de savoir où les enseignants exposaient leurs connaissances à de jeunes profanes. En fait, l'enseignement à mes yeux n'était guère plus qu'une transmission de connaissance d'un savant (l'enseignant) à un apprenti (l'élève). Quel ne fût pas ma surprise d'entendre parler de constructivisme alors que mes seules expériences se limitaient à l'enseignement magistrale simple et pure. Il va sans dire que lors de mes deux stages précédents (bien que réussi avec succès) ne comportaient presque aucune composante constructiviste, puisque mes enseignants associé avaient été formé à l'école du magistral. N'ayant aucun modèle, aucune référence, comment déroger de cette situation ?

 

Lorsque l'université m'a choisi pour faire partie du nouveau projet intitulé " Programme de formation au secondaire axé sur l'intégration des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) ", un grave conflit cognitif s'ensuivit. Plusieurs questions me hantèrent (et, pour quelques unes, me hantent toujours au moment où j'écris ces lignes).

 

Avec ce nouveau projet, on remodèle complètement l'école. On passe du magistral à la pédagogie par projet; on passe d'un ensemble disparate, hétéroclite et sans liens apparents dans les différentes matières à l'intégrations de ces mêmes matières; on passe de l'individuel et de la compétition au collectif et à la coopération. C'est toutes les bases du microcosme scolaire tel que je les ai toujours connues qui se transforment en une bête sans forme et sans visage. Une bête encore indomestiquer que je dois affronter sans arme, sans armure.

 

Mes premières appréhensions concernaient le projet en soi. Puisque je suis nouveau un sein du projet des NTIC, je mettais en doute sa validité (en fait, je n'avais jamais été mis au courant qu'un tel projet pouvait exister). Au départ, je n'avais que des bribes d'informations provenant de ma collègue stagiaire, de ma chargée de formation pratique et de mon enseignant associé (qui, je dois le dire, avait l'air aussi dérouté que moi). Le projet me semblait instable et irréalisable. Irréalisable compte tenu du temps restreint auquel nous devions nous plier (tout juste quatre mois). En fait, au départ, je nageais en plein néant, tentant désespérément de m'accrocher aux quelques formes vaporeuses qui se présentaient sur ma route. À mes yeux, le projet des NTIC semblait d'une telle envergure que je le croyais irréalisable. Les NTIC ne remettaient pas simplement en question la façon d'enseigner, ils changent un mode de penser et des idéologies du système d'éducation actuel : l'enseignant n'est plus un " transmetteur de connaissance ", mais un guide; les élèves ne font plus de l'écoute passive en classe, mais s'intègre et participe activement à la construction de leurs connaissances; l'apprenant n'est plus régit par la compétition, mais fait désormais partie d'un système valorisant la coopération et l'interdépendance positif. Les matières académique ne sont plus séparées, mais bien intégrées, emboitées les unes aux autres. Ces changements auront également leur répercussion sur les modes d'évaluations. Comment évaluer, comment noter la performance des élèves si désormais on vise la coopération à la compétition ???

Un autre volet de mes craintes face à ce tout nouveau projet concerne l'élève et son appropriation des savoirs. Les élèves, impliqués dans ce type de projet, sortiront-ils, à la fin de leurs études secondaires, avec le même bagage de connaissances qu'un tiers d'une classe régulière ? En d'autre termes, la pédagogie par projet et l'intégration des matières seront-il en mesure d'atteindre tous les objectifs proposer par les programmes de chaque matière ? Si oui, une autre question se pose : comment faire pour intégrer tous les objectifs de toutes les matières afin que les élèves les assimilent et surtout, comment les élèves peuvent-ils apprendre sans enseignement magistral ? De plus, en intégrant les nouvelles technologies (ordinateurs portables, système-réseau, etc.) n'assisterons-nous pas à un effet pervers ? Ce type d'organisation implique des couts exorbitant pour l'école et les parents, à long terme verrons-nous surgir un clivage entre les quartiers pauvres qui ne pourront s'offrir ce type de matériel et les quartiers riches qui eux seront en moyen ? Cela fait déjà nombre d'année que la polémique concernant la gratuité scolaire fait rage, un tel type de projet ne l'attisera surement pas !

 

 

Finalement, après avoir observé mes craintes par rapport au projet en lui-même et aux élèves en regard de leur appropriation des savoirs, ils me reste une appréhension : moi-même. En tant que futur enseignant en formation, serai-je capable de remplir un tel mandat ? Aurai-je les capacités requises (imagination, créativité, gérance du groupe) pour mener à bien un tel projet ? Comme je l'avais stipulé dans l'introduction, jamais je n'ai été formé à ce type de pédagogie. Pendant plus de 17 ans j'ai été la " victime " de l'enseignement magistral et c'est la seule pédagogie que je connaisse. Il devient alors difficile de renverser complétement la vapeur pour m'investir dans une nouvelle pédagogie pour laquelle je n'ai aucune référence ! Par contre, je ne dois pas faire fi de mes expériences passées. Le magistral, à mon avis, aura toujours sa place à l'école et mes expériences antérieures me seront fort utiles.

 

Le corps et l'esprit humain s'adaptent à tout chagement et stimulis extérieurs avais-je déja lu. Même si mes craintes sont réelles, je suis persuader que le temps et simple fait de m'insvestir à l'intérieur de cette nouvelle pratique pédagogique feront dénébuler toutes mes appréhensions initiales.